À quel âge un enfant peut-il rester seul à la maison ?
Question difficile ! Car ce ne sera pas la même réponse pour tous les enfants.
L’autonomie est un apprentissage, un processus qui prend du temps et passe par des étapes.
On a tendance à dire qu’à partir de la phase de latence, vers 7/8 ans, l’enfant commence à acquérir suffisamment de maturité pour être relativement autonome et conscient de certains dangers.
En effet, il faut que l’enfant maîtrise certaines notions comme le temps (programme du CE1 et CE2), pour comprendre l’urgence. Il faut aussi qu’il ait des capacités d’analyse, et qu’il connaisse la définition et l’évaluation du danger pour comprendre la gravité d’une situation.
Ces compétences d’analyse commencent aussi à s’enrichir et se structurer en classe de CE (2e et 3e primaires pour la Belgique, le Canada et la Suisse).
Et lui qu’en pense-t-il ?
Enfin, il doit aussi se sentir prêt, et à vrai dire, vous aussi. S’il ne vous sent pas en confiance, il ne pourra pas se faire confiance.
Se sentir prêt dépend de sa personnalité, certains enfants sont anxieux et auront besoin d’être encouragés pour se séparer ne serait-ce qu’un instant de vous. D’autres au contraire, sont plus téméraires, et peuvent même l’être trop, il faudra alors redoubler d’insistance sur les règles de sécurité en votre absence.
Avec les enfants anxieux il faudra dédramatiser, et avec les enfants trop téméraires, il faudra expliquer beaucoup tous les dangers.
Bien le préparer :
Quoi qu’il en soit, proposez des jeux de rôles à votre enfant, testez-le, mettez-le en situation : faites semblant de sortir de la pièce, demandez-lui ce qu’il ferait face à telle ou telle situation comme :
- Quelqu’un sonne à la porte
- Le téléphone sonne, est ce que tu dis que tu es seul
- Tu te blesses
- Ça sent le feu
- Ton grand frère est par terre inconscient
- Peux-tu utiliser les moyens de cuisson, ou toucher à la cheminée,
- ...
Pour rester seul en toute sécurité, il doit savoir répondre à 3 questions :
- Qu’est ce qui est dangereux,
- Comment se mettre en sécurité face à un danger,
- Qui appeler.
Donnez-lui des règles simples :
- N’ouvre à personne
- Si quelqu’un sonne, ne répond pas et ne te montre pas
- Sors de la maison si ça sent le feu et appelle les pompiers
- Ne te penche pas aux fenêtres
- Ne touche pas aux appareils de cuisson et à la cheminée
- S’il est anxieux, proposez-lui quelques activités à faire pendant cette expérience d’autonomie, pour qu’il focalise son attention et baisse ainsi son niveau de stress.
Et la durée ?
Je vous dirais de commencer par la règle des 30 minutes par année d’âge, à adapter selon la personnalité de votre enfant et sa maturité :
- 30 minutes à 8 ans
- 1h à 9 ans
- 1h30 à 10 ans
- 2h à 11 ans
Et à partir de la préadolescence, proposez-lui une après-midi en suivant le modèle suivant :
- 2h30 à 12 ans
- 3h à 13 ans
- 4h à 14 ans
- 5h à 15 ans
- Et une soirée jusqu’à minuit ou une journée de travail complète à 16 ans.
Age | 8 ans | 9 ans | 10 ans | 11 ans | 12 ans | 13 ans | 14 ans | 15 ans |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Durée | 30 min | 1 h | 1h30 | 2 h | 2h30 | 2h30 | 4h | 5h |
Et que dit la loi ?
La loi française ne précise rien sur l’âge pour laisser un mineur seul, la seule notion condamnée est le délaissement de mineur de moins de 15 ans pour les situations où l’enfant est laissé livré à lui-même avec mise en danger de sa sécurité et de sa santé.
À titre d’exemple, le conseil de sécurité du Canada, comme les recommandations de la police Belge, considère qu’un enfant peut rester seul à partir de 10 ans. Pourtant, la protection de la jeunesse canadienne fixe l’âge de 12 ans pour rester seul.
Et s’il n’est pas seul mais avec un grand frère ou une grande sœur ?
Un grand frère/sœur ne peut rester seul avec son petit frère ou sa petite sœur qu’à partir de l’âge de 12 ans au plus tôt. En effet, c’est une responsabilité qui nécessite de maîtriser d’abord les dangers pour soi, et de savoir se décentrer de ses besoins pour entendre les besoins du plus petit.
Attention dans cette situation à bien évaluer la maturité du plus grand, qui là encore est variable d’un enfant à l’autre. De même, il faudra évaluer la difficulté de garde, certains enfants sont plus hyperactifs ou colériques que d’autres, et représentent donc une charge plus importante lors d’une garde.
Veillez également à évaluer la capacité du grand à se décentrer de ses loisirs, d’autant plus s’il est fan d’écrans, jeux, ou conversations téléphoniques. Il doit être capable de laisser ses jeux pour se concentrer sur le plus petit.
Alors prêt pour cette expérience d’autonomie