Interview de Marie : ma fille se rend malade de l’école
Bonjour Marie, vous avez souhaité témoigner sur le stress que représente l’école pour votre fille Lily qui a 9 ans.
Votre fille a tout de suite stressé pour l’école ?
Oui, déjà sa première rentrée a été compliquée mais je crois surtout pour la séparation et car elle était impressionnée du nombre de personnes autour d’elle, plein d'enfants, la maîtresse, les Atsem, c’était trop pour elle. Elle a pleuré toute la journée, et passé sa première semaine dans un drôle d’état. J’ai cru que j’allais devoir la mettre seulement à mi-temps, ce qui m’était impossible avec le travail.
Ça a continué toute sa maternelle de la même façon ?
Non au bout d’un mois ça a été mieux, je ne dirai pas qu’elle était contente d’y aller car elle traînait toujours le moment de la séparation mais petit à petit, ça s’est fait.
Du coup, j’ai cru naïvement que l’entrée en CP serait facile, c’était le bâtiment à côté, ils partageaient la même cour et elle avait déjà vu les maîtresses des grands plusieurs fois en récréations… Mais non ! Lourde erreur, ça a été beaucoup plus difficile que prévu !
Que s’est-il passé en CP ?
La rentrée n’a pas été si terrible, elle a un peu appréhendé, mais a vite retrouvé ses copines. C’est dès le premier soir qu’elle a montré qu’elle avait compris que le jeu n’était plus le même et que maintenant l’école, c'était plus pour apprendre que pour jouer. Elle m’a juste dit que ça ne lui plaisait pas trop le CP car la maîtresse ne les laissait plus jouer, qu’il fallait beaucoup travailler et lire. Je ne me suis pas trop inquiétée, ça me paraissait normal, une sorte de transition dans le monde des grands. Et au bout d’une semaine je crois, elle s’est écroulée un soir, me disant qu’elle ne voulait plus du tout y aller, qu’elle avait peur, qu’elle était nulle de toute façon etc.
Comment avez-vous réagi ?
Je l’ai consolée, je lui ai dit qu’elle y arriverait etc.
J’ai essayé de la faire parler, et j’ai compris que c’était lire et répondre aux questions devant les autres qui la terrorisaient.
Elle s’est mise à mal dormir, à être irritable, à se disputer beaucoup avec ses sœurs, et surtout, à me faire des scènes tous les matins pour ne plus aller à l’école, tantôt mal au ventre, tantôt la tête, tantôt les pleurs et les cris. Je ne savais plus quoi faire.
Et alors arrivée en CE, ça a été la catastrophe, ses premiers vrais devoirs, et les premières interros ! Elle s’en est rendue malade, elle passait des heures dessus, et était toujours persuadée de ne pas y arriver ou que quelque chose n’irait pas. C’était terrible les devoirs et tout, trop de pression pour elle.
Vous en avez parlé à la maîtresse ou à son médecin peut-être ?
Alors la maîtresse, franchement… Comment dire… Pour elle, aucun problème, ça allait passer, il fallait forcer et elle tenait juste à justifier qu’elle n’y était pour rien et qu’elle n’avait jamais terrorisé aucun enfant, que ma fille était trop sensible, et qu’il fallait qu’elle s'habitue à répondre en classe et à se faire reprendre si c’était faux.
Clairement, ce n’était pas aidant, car elle n’a rien proposé.
Mon médecin a été dans les conseils, et a essayé de faire parler ma fille pour comprendre, il l’a même vue seule pour essayer de parler. Il a finalement demandé qu’elle voit quelqu’un pour prendre plus d’assurance et pour apprendre à gérer son stress qui devient finalement des crises d’angoisses de plus en plus fortes. Je pense qu’on était au bord de la phobie scolaire et de bien des problèmes alors qu’on était qu’en CE1 à l’époque !
Elle voit donc un professionnel ? Ça l’apaise ?
Alors oui, elle voit un psy et elle fait aussi des cours de yoga avec moi ! On a décidé d’y aller toutes les deux car moi aussi je suis du genre stressée, les chiens ne font pas des chats !
Son psy l’a beaucoup aidé et elle réussit mieux à gérer ses crises d’angoisse, ça monte moins haut quand elle en a. Elle travaille aussi avec lui sur ses peurs de l’échec, elle a très peur de ça, alors que franchement elle est très bonne élève et on ne lui met pas du tout la pression. Mais elle se met la pression toute seule. Elle a trop bien compris que l’école c’est sérieux, et elle veut plaire je crois, à nous, aux maîtresses, à tout le monde en fait.
En tout cas, ce n’est pas encore gagné, mais ça va un peu mieux, elle apprend à gérer son stress, elle fait beaucoup d’exercices de respiration et de visualisations pour se préparer quand elle a peur d’un truc, et ça marche.
On verra si ça continue, je croise les doigts…
Merci !