La santé mentale des enfants, quand en parlera-t-on sérieusement ?
Le "Kids Data Book 2022" vient de sortir aux USA. Les premières pages de ce rapport sont entièrement consacrées à la santé mentale des enfants.
Entre 2016 et 2020, le pourcentage d'enfants présentant des symptômes d'anxiété ou de dépression a augmenté de 25% ! Ici le terme de santé mentale désigne l'ensemble des symptômes et pathologies du "simple" stress aux pathologies psychiatriques.
Rappelons ici également que l'enfant est un être en maturation, c’est-à-dire un être qui va évoluer pour atteindre une maturité à l'âge adulte. Pour illustrer concrètement ce propos, votre enfant n'acquiert la vision 180° qu'à l'âge de 7 à 8 ans, il est capable de commencer à mettre des mots sur ses émotions à partir de 4 ans, son système nerveux ne sera mature qu'à l'âge adulte, etc.
Ici, nous parlons donc d'anxiété et de dépression de l'enfant. Ce que tant d'adultes aujourd'hui tentent de traiter grâce à de la thérapie, parfois des anxiolytiques, ou encore des applications de bien-être…
Pourquoi n'avons-nous donc pas le même raisonnement pour les enfants ?
- Le nombre de spécialistes de la santé mentale pour enfant décroît depuis dès années
- Le système actuel est saturé (+ 25% de consultation depuis le COVID)
- Le coût de la santé mentale pour un foyer est très élevé (60 à 80€/semaine soit 240€/mois pour un enfant sans compter l'intervention d'autres spécialistes). Les mutuelles ne remboursent que 4 à 5 consultations par an par personne.
- Parce que le sujet de la santé mentale des enfants est un enjeu qui n'est pas mesuré chaque année en France.
- Parce que l'enfant n'est pas une priorité au niveau politique.
Pourtant, le rapport The Great Collide indique qu'aux USA 52% des parents prennent au moins un jour de congé par mois pour s'occuper de leur enfant pour des problèmes de santé mentale au sens large. Les employés demandent désormais à être accompagnés sur le sujet (plus de 72%).
En Angleterre, le rapport de la NHS sur la santé mentale des enfants est alarmant :
- 39,2 % des 6 à 16 ans ont connu une détérioration de leur santé mentale depuis 2017, et seulement 21,8 % ont connu une amélioration.
- Plus du quart (28,7 %) des 6 à 10 ans, plus du tiers (38,4 %) des 11 à 16 ans et plus de la moitié (57,1 %) des 17 à 23 ans ont eu des problèmes de sommeil pendant trois nuits ou plus sur les sept précédentes. Dans tous les groupes d’âge, les chiffres étaient beaucoup plus élevés chez les personnes atteintes d’un trouble mental simple ou complexe probable (59,5 %, 74,2 %, 86,7 % respectivement).
- 0,6 % des 6 à 16 ans ont manqué plus de 15 jours d’école au cours du 1er trimestre. Les enfants atteints d’un trouble mental probable étaient deux fois plus susceptibles d’avoir manqué autant l’école (18,2 %) que ceux qui n’avaient probablement pas de trouble mental (8,8 %).
Si vous pensez qu'il s'agit uniquement des pays anglophones, voici les chiffres du Canada :
Près d'une hospitalisation sur 4 en 2020 était lié à un problème de santé mentale
Pourtant, de nombreuses solutions voient le jour
La technologie pour les enfants est plutôt prometteuse et c'est le pari que nous avons fait avec KOALOU. Nous avons fait le pari que l'anxiété est à l'image de ce qu'était la douleur il y a 30 ans : on ne la mesurait pas vraiment, on l'entendait sans nécessairement la prendre en charge.
Désormais, de nombreuses études montrent l'intérêt de la préparation psychologique et de l'accompagnement tout au long du parcours de soins et plus largement des parcours de vie des enfants (comme des adultes). Pédagogie et accompagnement sont les maîtres mots. Mais attention ! Les enfants ne sont pas des mini-adultes. À chaque tranche d'âge sa spécificité. Il ne s'agit pas d'appliquer un "One fits all". Les enfants ont leurs spécificités à adapter à leur âge.
Qu'attend-on pour bouger les lignes?
La santé mentale est, hélas, parfois à l'image du réchauffement climatique en France. Tout le monde sait que ça existe, chacun essaie de faire à son niveau individuel mais tant qu'il n'y aura pas de décision politique forte pour porter les solutions: nous n'avancerons pas.
Alors nous continuons à porter notre voix “haut et fort” pour cette génération.
Les générations sacrifiées tout le monde en parle! Prenons conscience qu’il s’agit de votre enfant et pas celui d’un autre, de vos neveux et nièces. Car il est nécessaire de ne pas uniquement se dire que "les enfants sont les adultes de demain". Cette génération mérite d'être équipée psychologiquement durablement pour faire face aux aléas qui s'annoncent nombreux pour les années à venir.