Le stress comment ça marche et est-ce un soucis d’enfant ?
Qu’est-ce que le stress ?
Le stress n’est pas un concept si nouveau. La première description du stress, on la doit à un endocrinologue autrichien du début du XXème siècle, Hans Selye(1), qui a pu modéliser cette réaction automatique physiologique qu’est le stress. Et, oui, quand on pense stress, on pense psychologie, alors qu’en fait c’est physiologique avant tout. Finalement, le stress c’est dans la tête mais surtout dans le corps. (Notre pédiatre vous explique en détail la réaction physiologique ici)
Selye définissait le stress comme un syndrôme général d’adaptation, c'est-à-dire que le corps met en route automatiquement toute une série de mécanismes hormonaux, neurologiques, respiratoires, circulatoires, dès qu’il perçoit un danger mais pas seulement. Il se déclenche quand il perçoit :
- une source de demande interne ou externe
- ou un événement perçu comme imprévu ou agressif,
- ou encore sur lequel il manque de contrôle.
Ainsi, notre cerveau, notre corps et notre psychisme peuvent y faire face, et finalement mobiliser les ressources nécessaires pour surtout agir, au besoin se protéger, mais aussi, analyser et tolérer la situation, ou même y survivre. Le stress concerne donc tous les êtres vivants, quel que soit leur âge.
Le stress n’est pas que mauvais
Selye a aussi permis de faire la distinction entre bon stress (eustress) et mauvais stress (distress). Il existe le stress moteur, celui qui nous permet de nous organiser et de “réunir” nos forces, sauf s’il est excessif, et le mauvais stress, celui qui nous agresse et peut nous faire perdre pied ou perdre nos moyens.
Le CDC (2) distingue ainsi deux sortes de mauvais stress, celui qui est "tolerable stress”, et le “toxic stress”, celui qui nous rend malade..
Il existe même des échelles de stresseurs (3)(4)(5), qui permettent de mesurer le nombre de points que représente chaque évènement, considéré comme une somme d’unité de stress, à valeur pondérée, qu’il soit positif ou négatif. On y mesure par exemple qu’un divorce est plus chargé en stress qu’un décès dans la fratrie. On y comprend que même Noël, c’est du stress !
Ce qu’il faut comprendre c’est que le stress fait partie de la vie, nous y sommes confrontés au quotidien, et avons tous des ressources naturelles pour y faire face. C’est aussi lui qui nous permet d’avancer, de nous challenger. Seulement parfois, s’il est négatif, trop intense ou chronique c’est-à-dire trop répétitif, il peut dépasser nos ressources et nos capacités, et alors nous rendre “malades”.
C’est donc une question de dosage mais aussi de “vidange”. Si je réussis à faire baisser mon niveau de stress régulièrement, je pourrais me protéger plus longtemps du mauvais stress.
Le stress c’est dans la tête ou dans le corps ?
Selye est aussi à l’origine du fameux schéma de réponse automatique “fright, flight, fight”, c'est -à -dire “frayeur, fuite, combat”, qui décrit simplement le type de réponse innées au stress.
Il permet d’expliquer simplement pourquoi des enfants stressés peuvent parfois exprimer leur stress par de l’agressivité verbale ou physique ou de l’agitation (fight), mais aussi à l’inverse par de l’inhibition, du repli sur soi (flight).
Au fond, dans le stress, on identifie trois éléments :
- Le stresseur : qu’est ce qui me stresse, qu’est ce qui déclenche ma réaction. C’est l’environnement et la situation (personnes, situations, objets, symptômes internes…).
- La réaction, selon Selye, c'est l’ensemble des réactions physiologiques qui peuvent mener selon lui jusqu’à l'épuisement et même jusqu’à la mort, depuis l’émotion jusqu'au comportement automatique primaire qui en résulte le “fright, flight, fight”.
- L'attitude, déterminée notamment par la perception cognitive que ce soit de l'événement, du stresseur, ou encore de la qualité de la réaction automatique. Ce sont les pensées associées à la situation ou à la réaction qu’elle suscite, mais aussi les comportements secondaires qui en résultent. C’est uniquement cette attitude, cette perception qui peut être travaillée, puisque la réaction est le résultat d’un automatisme physiologique.
Par exemple, une réaction automatique de fight, d’agressivité face au stress ne peut pas s’annuler, par contre on peut apprendre à la modérer et à trouver des stratégies pour décharger cette agressivité autrement (sans se faire mal ou nuire à autrui). On peut aussi apprendre à maintenir un niveau de stress suffisamment bas pour éviter les débordements d’accumulation de stress.
Et les enfants ?
Tout est nouveau pour les enfants, tout le quotidien peut être source de stress au sens d’une nouvelle demande d’adaptation à l’environnement, d’autant plus que leurs capacités sont en perpétuelle évolution puisqu’ils grandissent, apprennent et se ré-adaptent en permanence. D’autre part, ils n’ont aussi que peu de contrôle sur leur quotidien, toutes les conditions définissant les déclencheurs du stress.
Leur réaction va être du registre de l’inné, par contre, leur attitude et leur perception cognitive de l'événement, elles se travaillent et peuvent faire l’objet d’un apprentissage pour mieux s’adapter au stress.
Ils ont tout à apprendre, et sont donc en hypersollicitation permanente, c'est-à-dire en stress permanent, même si c’est normalement plus du bon stress que du mauvais stress.
C’est en cela que leur apprendre des routines de gestion du bon comme du mauvais stress, et de maintien d’un certain niveau de calme intérieur, va les aider à grandir et à développer au mieux leurs capacités intellectuelles, émotionnelles, affectives, motrices, sociales etc. Cela va créer des espaces de disponibilité psychique, ou de qualité de réceptivité psychique.
Vous souhaitez évaluer la charge de stress accumulée par votre enfant ces derniers mois et si celle-ci peut le fragiliser ? Vous trouverez un outil d’évaluation ici.
Sources:
1. Hans Selye. 1978. The stress of my life. Revised. Editions Broché. Révision de l’édition de 1956.
2. Middlebrooks JS, Audage NC. The Effects of Childhood Stress on Health Across the Lifespan. Atlanta (GA): Centers for Disease Control and Prevention, National Center for Injury Prevention and Control; 2008.
3. The Holmes-Rahe stress inventory. 1967
4. The non-adult Holmes-Rahe stress scale. 1967.
5. Paykel ES, Prusoff BA, Uhlenhuth EH. 1971. Scaling of life Events. Archives General of psychiatry, 25, 340-347.