Père Noel: Magie et féérie ou mensonge et trahison
Voilà une question qui fait débat depuis quelques années : la magie de Noël et du père Noël n’est-elle pas un mensonge honteux de parents, voire une éducation au mensonge et à la trahison ? Deux écoles s’opposent et s’affrontent avec beaucoup de certitudes et de convictions, sur un sujet épineux car il touche à la fois nos enfants, nos traditions, et nos souvenirs intimes.
L’école "traditionnelle de Noël" est attachée au mythe et à l’éducation à la “magie de Noël”, au sens qu’elle stimule l’imaginaire de l’enfant et constitue un apprentissage de traditions, de mœurs sociétales, voire spirituelles. À l’idée de mensonge perpétré contre la dignité des enfants, ils préfèrent l’idée d’un rite de passage. C'est-à-dire que l’enfant apprendrait à rêver grâce au mythe, pour ensuite apprendre son passage chez les “grands” par la révélation de la vérité.
Ce qui est intéressant dans le mythe du père Noël c’est qu’il éduque l’enfant au merveilleux mais surtout à l’idée que tout ne se voit pas dans la vie, qu’on ne contrôle pas tout. Par exemple, je demande un avion, et j’obtiens un train, ou un avion différent de celui que je voulais. Peut-être même que je n’aurais pas l’avion mais une autre surprise du père Noël, métaphore alors de la vie et de ses surprises. Ensuite, la trahison de la révélation du mensonge du père Noël sert à marquer le “grandir” de l’enfant. Mais, il sert aussi à opérer un premier détachement des parents, à défusionner. Ce serait comme un marqueur qui prépare à l’adolescence, à la séparation progressive jusqu’à l’âge adulte.
L’école "anti-mensonge de Noël" est aussi anti-mensonge des cloches de Pâques ou de la petite souris. Ici, on ne parle pas du père Noël, ou seulement pour dire que c’est un mensonge, une histoire que l’on raconte à certains enfants.
Pour eux, aucun mensonge n’est tolérable, même au nom de la magie ou de l’imaginaire. C’est un principe d'éducation, ne valider aucun mensonge, pour quelque motif que ce soit. Il s’agit de ne pas trahir moralement son enfant mais aussi ne pas lui inculquer une banalisation ou tolérance au mensonge. Pas de joli mensonge, un mensonge est un mensonge, il n’y a rien de joli là-dedans. Ce qui est intéressant c’est que pour eux, la relation parents-enfants, comme l’entrée dans le monde et l’éducation d’un enfant ne peuvent pas passer par le mensonge, même sous prétexte de féérie. Pour eux, un enfant à qui on apprend que les parents mentent, ne peut plus avoir confiance en ses parents, et cela abîme alors non seulement la relation, la confiance et l’amour, mais aussi l’estime de soi des enfants. Il ne serait alors plus question de féérie de Noël mais d’un “trauma” de Noël.
En tant que maman, comme en tant que professionnelle, j’ai pu à la fois entendre et valider certains points des deux positions. Aussi, j’ai cherché une troisième voie/voix pour mes propres enfants.
Cette sorte de troisième voie/voix que j’ai trouvée intéressante car elle laisse libre l’enfant. C’est la voix du je ne sais pas, c’est une tradition, je ne sais pas s’il a existé, ou s’il existe ou non pour de vrai. J’ai mon idée, mais pas la vérité. Il s’agit de comparer cela aux mystères du monde, comme toute “magie”. C’est une voix ou plutôt qu’affirmer, on laisse l’enfant faire un choix en lui expliquant que certains y croient, notamment les enfants, et que les adultes souvent n’y croient plus. On raconte les deux possibilités et on laisse l’enfant choisir, en répétant toujours que soit même on ne sait pas. On peut même dire que soit même, on n’y croit pas. C’est expliquer à son enfant que les adultes croient plutôt à la magie de Noël au sens d’un des rares moments où toute la famille se réunit et où on cherche à se faire plaisir avec des cadeaux pour montrer son amour.
Lorsque l’enfant demande qui offre les cadeaux, là encore, pas de réponse ferme à donner, juste une opinion : moi je crois que ce sont les gens qui les achètent dans les magasins, et d’autres croient que c’est le père Noël qui les fabrique et les offre. Et toi, tu crois quoi ? En laissant toute la liberté à son enfant de croire ce qu’il veut, sans jugement. En observant avec bienveillance et amour comment son opinion évolue et comment sa réflexion s’élabore. Voilà une jolie autre magie.
Quoique vous décidiez, j’espère que vous aurez pu voir que chaque position a du sens, et qu’aucune de ces trois voies ne détient la vérité absolue. Faites confiance à votre instinct de parent, chaque voix a ses avantages et ses inconvénients.
Joyeuses fêtes de fin d’année à tous !